La porte du ciel – Dominique Fortier

cvt_la-porte-du-ciel_8814Etats-Unis, moitié du XIXème siècle.

Le docteur McCoy assiste à une scène de maltraitance d’une enfant noire alors qu’il rend visite à un grand propriétaire de champs de coton. Il ne supporte pas de voir cette petite fille ainsi traitée et l’achète. Une fois rentrée chez lui, celle dont le nouveau bienfaiteur vient de donner le prénom d’Eve, découvre une nouvelle vie, bien plus douce.

Eve fait la connaissance de la fille du docteur, qui a vraisemblablement le même âge qu’elle. Eleanor est très gentille avec elle, mais ne la traite finalement que comme l’une de ses nombreuses poupées. Bien qu’elle soit traitée comme n’importe quelle autre fillette, Eve n’a pas une place très claire dans cette famille : sans être esclave, elle n’est pas non plus considérée comme un membre à part entière.

Bien que le geste du docteur McCoy puisse sembler être une prise de position politique, celui-ci ne s’engage pas et n’hésite pas à faire profil bas lorsque dans le village, montent des protestations contre le traitement égalitaire vis-à-vis d’Eve.

Lorsque Eleanor part vivre à 18 ans chez son mari Michael en 1864, Eve la suit : elle est devenue sa servante. Elles découvrent toutes les deux un nouveau monde, qui n’est plus celui protecteur de la maison de leur enfance. Et les temps sont troubles puis qu’elles vivent dans le sud des Etats-Unis, en pleine guerre de sécession.

Voici un roman historique intéressant puisqu’il évite tout manichéisme : celui qui semble être un « gentil » ne l’est pas plus qu’il n’est foncièrement mauvais et celles qui pourraient devenir des héroïnes n’ont rien de tel. Eve et Eleanor se laissent porter par les événements qui leur arrivent. Elles ne choisissent ni leur famille, leurs amours, ou leur mode de vie et ne cherchent pas à s’y opposer. Ce sont des femmes qui n’ont pas le réflexe de résister à ce qui est vécu comme une destinée : se marier, s’installer dans une grande propriété et avoir des enfants. Toutefois, on sent un changement puisqu’elles commencent à s’étonner de cette situation, ce qui inaugure des temps nouveaux à venir…

Au-delà d’un roman sur la guerre de sécession ou l’esclavage, j’ai été surprise de découvrir que La porte du ciel était en réalité un livre sur la condition des femmes, et surtout de femmes « simples », qui ne sont pas des héroïnes. On pourrait lui reprocher une intrigue simple et sans rebondissement mais j’aime à penser que l’intrigue est à l’image d’Eve et Eleanor et qu’elle sert ainsi le récit.

 

Référence

Dominique Fortier, La porte du ciel, éditions Les Escales, 209 pages

Merci aux éditions Les Escales pour cette lecture qui m’a permis de découvrir une auteur canadienne. 

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