Trois saisons d’orage – Cécile Coulon

cvt_trois-saisons-dorages_2054André est un jeune médecin généraliste lorsqu’il s’installe aux Trois Gueules, un lieu qui rassemble toute une industrie en plein essor grâce à ses falaises, transformées en carrière. Il voit dans les fourmis blanches, ces hommes travaillant sans relâche la pierre, une clientèle au potentiel intéressant. Mais s’il décide de s’installer dans cette campagne, c’est à cause de La Cabane, cette grande maison au milieu de la nature.

Quelques années après s’y être installé, il découvre qu’il est le père de Benedict, un petit garçon élevé à la ville par Elise, qui fut son amante. André se rapproche de son fils, jusqu’au point où ce dernier ne veuille plus quitter La Cabane. Benedict apprend alors le métier de médecin et comme son père, il soigne les villageois, qui sont de plus en plus nombreux. Il fait lui aussi sa vie aux Trois Gueules, tombe amoureux d’Agnès avec qui il a une fille, Bérangère.

« Dehors, la nuit tombait, le ciel prenait des teintes orangées qui coloraient leurs visages, ils ressemblaient à des créatures infernales, perdues au paradis. » (page 106)

Voici un roman au ton bien particulier, qui m’a immédiatement plongée dans le registre de la tragédie. Sans savoir comment, le lecteur sait très rapidement que la tragédie au cœur de ce roman va se déployer à travers le couple que forment Bérangère et son petit ami Valère. Ce roman multi-générationnel semble écrit dans un but : arriver à la tragédie. Et pour cela, il faut en passer par la narration de ces générations de médecins de campagne.

L’originalité de cette narration, outre son ton, est qu’elle fait fi de tout contexte social, politique et historique. On n’y voit que de vagues références à la guerre au début du roman. Bien que je préfère toujours qu’un livre soit très situé socialement et politiquement, je n’en ai pas été dérangée dans ma lecture. Au contraire, cela donne un aspect intemporel au récit, comme pour signifier que cette tragédie pourrait advenir n’importe quand. Par ailleurs, cette intemporalité fonctionne très bien puisqu’elle illustre à quel point les Trois Gueules sont un lieu hors du temps et à quel point les villageois sont coupés du reste de la France. Trois saisons d’orage est presque un huis clos et en tant que tel, c’est une lecture qui se dévore.

Référence

Cécile Coulon, Trois saisons d’orage, éditions Viviane Hamy, 263 pages

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