Manuel retourne à Haïti après avoir passé 15 ans à Cuba, où il s’est exilé pour trouver du travail. Lorsqu’il retourne dans son village natal, Fonds-rouge, il découvre une campagne complètement dévastée par la sécheresse. L’eau ne tombe plus du ciel et ne draine plus les sols ; plus rien ne pousse. Plutôt que de chercher une solution à leur problème, les habitants attendent l’arrivée de la pluie en priant.
« quand la volonté de l’homme se fait haute et dure comme les montagnes il n’y a pas de force sur terre ou en enfer pour l’ébranler et la détruire. » (page 88)
Manuel ne supporte pas ce fatalisme haïtien et décide de prendre les choses en mains : il redoublera d’efforts et trouvera une source d’eau pour irriguer les champs. Bien que le village soit divisé en deux clans et qu’il fasse partie de la famille à l’origine de la division, il met au point un schéma qui assurera la fédération du village en même temps que son nouvel essor agricole.
« – Tu vois, c’est la plus grande chose au monde que tous les hommes sont frères, qu’ils ont le même poids dans la balance de la misère et de l’injustice. » (p.88)
Je crois n’avoir encore jamais lu de roman politique aussi bien réussi et émouvant. Le projet de Manuel est à la fois d’apporter croissance et paix à son village, tout en cherchant son bonheur personnel à travers sa relation avec Annaïse. Jacques Roumain offre sur un plateau toutes les merveilles que l’on recherche dans la littérature : de la tragédie amoureuse (à la Romeo et Juliette), de la tragédie politique (à la Antigone) et de la poésie.
« Une lumière illumina son visage, ce n’était pas un rayon de soleil couchant, c’était la grande joie. » (p.89)
Il est assez incroyable de voir à quel point ce roman était en avance sur son temps. Je n’ai en effet pas pu m’empêcher de faire des parallèles entre la fédération du village de Fonds-rouge et la construction d’une communauté européenne. Manuel est la figure emblématique d’un jeune homme plein d’idéaux, prêt à tout pour qu’ils se réalisent. Et même si la romance entre Manuel et Annaïse n’est pas aussi développée que je l’aurais aimée, elle apporte une touche de poésie à ce roman très humaniste.
Lisez-le absolument !
Référence
Jacques Roumain, Gouverneurs de la rosée, éditions Zulma, 217 pages
Tu l’as bien défendu aux bibliomaniacs. Pourquoi pas si je mets la main dessus.
J’aimeJ’aime
Je crois que notre avis était unanime ! 😆
J’aimeJ’aime
Quelle injonction ! Mais après avoir lu ce que tu en dis, je l’avais noté.
J’aimeJ’aime
Il ne faut vraiment pas passer à côté, c’est un chef-d’oeuvre !
J’aimeJ’aime
Ta chronique donne énormément envie. Je note le titre, merci beaucoup pour la découverte !
J’aimeJ’aime
Je suis contente de t’avoir convaincue. Je regrette vraiment qu’il ne soit pas plus connu en France car c’est un classique de la littérature haïtienne.
J’aimeAimé par 1 personne