« Alors que nous venions en paix, nous étions devenus ceux qui tuent, et eux ceux qui se savent condamnés à mourir. » (page 76)
De nos jours (ou presque), dans un pays qui ressemble à la France, les êtres humains ne dominent plus la chaîne alimentaire mais font partie intégrante de celle-ci. Après avoir pris contact avec des êtres vivants au-delà du système solaire, les êtres humains ont connu une pandémie inexpliquée et la guerre. Ces êtres, qui se surnomment eux-mêmes les « Démons », ont pris le contrôle de la Terre et sont devenus les maîtres des humains.
« Il y a, pour résumer, trois catégories d’hommes : ceux qui travaillent pour nous ; ceux qui s’efforcent de nous tenir compagnie ; ceux que nous mangeons. » (p. 101)
Malo Claeys est l’un de ces êtres non humains et il est le narrateur de cette histoire. Iris, la jeune femme qui vit chez lui en tant qu’être humaine de compagnie vient de subir un accident et a besoin de se faire opérer de toute urgence. Mais pour cela, Iris doit avoir des papiers certifiant qu’elle est bien destinée à être une humaine de compagnie. Malo est confronté à son passé : en racontant son combat pour lui obtenir les documents nécessaires, il nous parle du passé d’Iris et de son propre passé. En effet, avant de devenir un conseiller juridique et défenseur du droit des humains, il fut inspecteur dans des abattoirs.
« manger les hommes était la plus éclatante des manières d’asseoir notre domination. » (p. 122)
Il existe peu de romans qui vous prenne autant aux tripes et vous mettent une telle claque ! J’ai été mal à l’aise du début à la fin de cette lecture, du fait du procédé utilisé : l’histoire est racontée du point de vue d’un de ces êtres mais avec les mots et le point de vue de quelqu’un qui nous ressemble beaucoup en tant qu’humain. Ce procédé facilite la prise de recul sur notre façon de vivre : sur notre rapport à la nature, à la vie, à tous les êtres vivants. De ce point de vue, j’ai retrouvé ce pouvoir incroyable qu’a la science-fiction « réaliste ». Certaines scènes sont particulièrement terribles de cruauté et de réalisme. Le choc éprouvé pendant la lecture oblige nécessairement le lecteur à se poser des questions sur son propre rapport aux animaux dans le cadre de son alimentation.
Bien que le sujet principal de ce roman soit le militantisme pour la cause humaine/animale, se cachent également d’autres thématiques, qui apparaissent comme des petites pépites de lumière : à travers les relations de Malo avec son épouse et avec Iris, sont dressées les relations amoureuses dans un couple et la question de l’amitié.
Voici une lecture que je ne suis pas prête d’oublier !
Référence
Vincent Message, Défaite des maîtres et possesseurs, éditions Point, 238 pages
j’ai trouvé l’auteur très sympathique (merci encore de m’avoir invitée à la remise du Prix!!) et j’ai hâte de lire ce roman qui a l’air vraiment atypique!
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🙂
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Un roman fort qui ‘avait marqué.
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Je crois que c’est vraiment l’objectif de ce roman et de ce point de vue, c’est parfaitement réussi.
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