La fille du fermier – Jim Harrison

HARRISON2« Les premières montagnes que voit une fille de l’Ohio habituée au plat pays sont mentalement inacceptables. » 

Sarah est adolescente quand ses parents décident de changer de vie et de partir vivre dans le Montana, au fin fond de la campagne. Elle se retrouve totalement isolée et ses seuls amis sont Tim, le vieillard propriétaire de la maison louée par la famille, et son chien. Elle s’occupe en faisant de longues balades dans la nature et en dévorant les livres.

Sarah subit un jour un acte d’une violence traumatisante. Sa manière d’apprendre à guérir cette blessure est l’attente de la vengeance, qu’elle laisse mûrir en elle. Jusq’au jour où vient l’amour…

« Elle pleura un peu, puis comprit que ses larmes ne la feraient pas avancer d’un iota. Elle pensa au mal qu’on pouvait faire à quelqu’un, un mal parfois incalculable, et puis il y avait aussi le mal qu’on se faisait parfois à soi-même, en s’endurcissant. Tout en jouant, elle se dit que la femme la moins dure du monde, Emily Dickinson, était l’une de ses poétesses préférées. Il lui semblait malgré tout qu’elle n’avait pas d’autre choix que de devenir prématurément âgée et austère. Elle allait vivre dans ce chalet comme une religieuse cloîtrée, puis elle finirait par quitter la région pour tenter de trouver une autre vie. »

J’ai été subjuguée par ce personnage lumineux, qui porte entièrement ce court roman d’une grande densité. Sarah est une jeune femme qui n’a pas encore conscience de sa force au moment de sa blessure mais dont celle-ci sera l’élément déclencheur de son passage dans la vie d’adulte. Elle prend conscience de la cruauté de la vie mais ne se laisse pas abattre. Elle fait preuve d’une volonté sans faille, d’une matûrité, d’un sens de la liberté et d’autonomie extraordinaires.

« [elle] se dit tout à trac qu’elle devait faire grandir sa vie pour que son traumatisme devienne de plus en plus petit. »

J’ai retrouve dans ce chef d’oeuvre le grand Jim Harrison que j’avais adoré et découvert en lisant Dalva. D’ailleurs, je considère ce petit livre comme un petit Dalva. De la même manière, on y retrouve un personnage féminin avec des failles mais puissant, tout comme un environnement naturel hors norme et magnifique. Les amoureux des grands espaces américains seront comblés. Ce roman, publié dans la collection 2€ de Folio, permettra aux non-connaisseurs de Jim Harrison de le découvrir sans se plonger dnas l’un de ses pavés et pourra être une introduction au magnifique Dalva.

Bref, La fille du fermier est absolument à découvrir !

Référence

Jim Harrison, La fille du fermier, éditions Folio, 130 pages

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