Qui a tué mon père – Edouard Louis

LOUIS3Dans ce petit livre qui pourrait être défini comme un récit autobiographique à caractère d’essai socio-politique (puisque ce n’est pas un roman, contrairement à ce que je pensais en l’ouvrant), Edouard Louis raconte l’histoire de son père comme une illustration du déterminisme social.

Ayant abandonné sa scolarité très tôt, son père travailla à l’usine, la même qui accueillit toute sa famille. Les deux hommes n’ont jamais su se parler et Edouard Louis ne s’est jamais senti aimé de son père, qui lui a régulièrement montré des preuves de dégoût à son égard.

« Est-ce qu’il est normal d’avoir honte d’aimer ? »

Comme dans les livres précédents d’Edouard Louis, son rapport au père et le rapport de celui-ci à la masculinité tient une place importante. Mais contrairement à En finir avec Eddy Bellegueule, Edouard Louis offre un regard bien différent sur son père. Alors que dans son premier livre, il m’avait semblé qu’il tenait en grande partie son père coupable de son enfance malheureuse, il le place ici comme une victime du déterminisme social. Cette théorie bourdieusienne est très intéressante et pertinente dans cette illustration mais j’ai eu énormément de mal avec cette lecture car il m’a semblé injuste de déresponsabiliser à ce point le père. Et quel crédit apporter au premier livre et à la confiance accordée à cet écrivain lors de cette première lecture ?

Par ailleurs, je suis convaincue que le fond de ce livre aurait été bien mieux servi par un roman (y compris de nature autobiographique), Edouard Louis se laissant déborder par une colère qui vire à la polémique mal maîtrisée à la fin du livre.

Bref, si vous décidez de lire ce récit malgré ces points noirs, contrairement à moi, vous saurez où vous vous embarquez et serez probablement moins déçus que moi, qui n’avais absolument rien lu à son propos.

Référence

Edouard Louis, Qui a tué mon père, éditions du Seuil, 87 pages

8 commentaires sur « Qui a tué mon père – Edouard Louis »

Laisser un commentaire