« […] plus je regardais le visage vieilli, fatigué, de ma mère, et plus mon sens de l’injustice et ma volonté de redresser le monde et de le rendre honorable grandissaient en moi. J’écrivais tard dans la nuit. » (page 184)
Romain Gary, de son vrai nom Romain Kacew, n’a presque pas vécu avec son père et sa mère dut se débrouiller seule pour l’élever. Cette femme extravagante dotée d’un caractère affirmé a profondément marqué l’homme qu’il est devenu. Ils ont émigré de Russie en passant par la Pologne où il sont restés quelques temps avant de rejoindre le sud de la France.
Sa mère fut particulièrement présente dans la construction de son identité. Elle lui asséna l’idée qu’il allait devenir un grand homme, qu’il ferait de belles études, serait un grand artiste reconnu, officier puis ambassadeur. Elle tourna toute sa vie autour de son fils, afin qu’il réalise les ambitions qu’elle avait pour lui. Elle cumula les petits boulots pour qu’il soit toujours bien vêtu, bien nourri et qu’il étudie dans une bonne école. A la fin des années 1920, quand ils arrivent à Nice, elle en arrive à vendre de l’argenterie, à investir dans une société de taxi et à tenir un hôtel pension. Elle a une vraie âme de commercial et d’entrepreneur et une énergie folle quand il s’agit de mettre toutes les chances de son côté pour la réussite de son fils.
« Avec, au cœur, un tel besoin d’élévation, tout devenait abîme et chute. » (p. 366)
Il finit par intégrer une école militaire, puis l’armée de l’air pendant la Seconde Guerre mondiale et rejoignit les partisans de De Gaulle en Angleterre puis en Afrique du Nord.
Quel chef-d’oeuvre incroyable !
Du début à la fin du récit, j’ai été époustouflée par chaque choix de mot, par la justesse des phrases, par la finesse de la pensée de Romain Gary. La narration de chacune de chacun de ses souvenirs est à la fois pleine de beauté et source d’émerveillement. Je suis sortie de cette lecture avec la sensation d’avoir découvert ce qu’était la lumière et le regret de ne pas l’avoir découvert plus tôt. Lire la suite de « La promesse de l’aube – Romain Gary » →