Lucy in the sky – Pete Fromm

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Lucy Diamond est une adolescente de tout juste 14 ans. C’est une jeune fille qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui regrette l’insouciance passée de ses années d’enfance où elle passait ses journées à jouer avec son meilleur ami Kenny, en haut de la cage à écureuil de son quartier. Elle vit très mal son entrée dans l’adolescence car celle-ci est marquée par un changement flagrant de son corps : grande et fine, ses formes se développent sans qu’elle n’arrive à les cacher. Elle le vit si mal car non seulement elle voudrait continuer à ressembler à un garçon pour faire plaisir à son père, mais aussi car elle ne supporte pas le nouveau regard que les garçons de son âge portent sur désormais sur elle. Son entrée dans l’adolescence est définitivement entérinée le jour où Kenny et elle s’embrassent, ce qui marque pour eux le premier pas vers la découverte de la sexualité.

La vie familiale de Lucy est atypique et brinquebalante. Son père passe presque toute l’année loin d’elle et de sa mère, à travailler comme bûcheron dans des forêts lointaines. Ne le voyant que quelques semaines par an et passant son année à l’attendre, elle fait de lui un personnage mythologique et est prête à tous les sacrifices pour lui plaire, comme se tondre la tête pour ressembler au fils qu’il n’a jamais eu.

Lucy et sa mère Lainee avaient une relation très proche jusqu’à l’entrée dans l’adolescence de Lucy. Dès lors, Lucy a besoin de se préserver des espaces secrets et ne sait pas s’affirmer autrement que contre Lainee et en la blessant intentionnellement. Lucy n’a jamais appris à écouter les autres, à leur montrer de l’empathie et ne sait plus gérer ses relations familiale et amicales. Elle maîtrise très bien le langage et sait en faire un outil de domination. Aucune de ses relations n’est équilibrée et tout ne tourne plus qu’autour d’elle. Ce déséquilibre est renforcé par la narration à la première personne, qui montre à quel point elle n’en a pas conscience.

Alors que l’on pourrait facilement en arriver à la conclusion qu’il s’agit là d’une adolescente comme une autre, il n’en est rien. Pete Fromm fait de Lucy un personnage littéraire à part, doté de failles qui remontent à sa conception et à son éducation. Il n’y a aucune généralité et banalité dans ce roman. Les dialogues -particulièrement nombreux- sont réalistes et percutants alors même qu’il était extrêmement facile d’échouer à écrire les dialogues du quotidien entre une mère et sa fille. Ces dialogues donnent une réelle intensité et un dynamisme à la narration.

Les romans aussi fins sur l’adolescence et les histoires familiales sont rares. Les relations mère-fille sont détricotées avec patience et minutie. Je ne m’attendais absolument pas à ça en lisant Pete Fromm pour la première fois et je le recommande chaleureusement. Mon prochain livre de cet auteur devrait être bien différent puisqu’il s’agira de Indian Creek. J’ai hâte !

Référence

Pete Fromm, Lucy in the sky, éditions Gallmeister, traduction de Laurent Bury, 392 pages

9 commentaires sur « Lucy in the sky – Pete Fromm »

  1. Comme moi Lucy te fait entrer dans les lectrices de Pete Fromm. Indian Creek est totalement différent, une plongée dans le grand nord avec un élevage de saumons……. Ce que j’aime c’est qu’à chaque fois c’est un univers différent… 🙂

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