Doggerland -Elisabeth Filhol

filhol2Margaret a étudié la géologie à l’université de Saint Andrews en Angleterre, où elle a rencontré Marc. Ils s’aimèrent pendant leurs études et se séparèrent à la fin de celles-ci. Celui-ci préféra la quitter pour saisir une opportunité professionnelle sur une plateforme pétrolère offshore. Margaret quant à elle a développé une expertise plutôt originale : elle devint chercheuse, spécialiste de l’île du Doggerland. Le Doggerland est une très grande île aujourd’hui enfouie sous les eaux, qui se situe au nord des Pays-Bas, entre l’Angleterre et le Danemark.

Le roman d’Elisabeth Filhol porte particulièrement bien son nom car même si Margaret est le personnage que l’on suit depuis le début de celui-ci, cette île enfouie est bien le personnage principal. Elisabeth Filhol raconte tout de cette île : son histoire, sa topographie, les recherches archéologiques qui y sont pratiquées, la force des vents, des marées, etc. Au bout de plus d’une centaine de pages, j’étais atteinte d’une affection particulière, le mal de Doggerland : impossible de lire une page de plus, sous peine d’ennui profond. Il m’a été rarement Lire la suite de « Doggerland -Elisabeth Filhol »

Mon bilan de mai

Mon mois de mai marque le début d’une nouvelle aventure littéraire : grâce à ma petite bibliothèque, je vais participer au jury du Prix des lecteurs de littératures européennes de Cognac. En 2019, le livre est consacré à la littérature néerlandaise ou de langue néerlandaise. D’ici l’automne, je vais donc livre les cinq livres sélectionnés pour le prix, afin d’identifier mon chouchou. J’ai commencé fort, avec la lecture de Le coeur converti de Stefan Hertmans, qui m’a absolument passionnée, et qui constitue mon coup de coeur du mois de mai.

Comme bien souvent, j’ai lu quelques ouvrages tournant autour de l’Histoire américaine, ce qui m’intéresse toujours autant.

Mon coup de coeur

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Mes jolies lectures

Mes déceptions & abandons

Lectures en cours et à venir

Devenir – Michelle Obama

OBAMA2« Votre histoire vous appartient, et elle vous appartiendra toujours. A vous de vous en emparer. » (page 11)

J’attendais la sortie en France des mémoires de Michelle Obama avec impatience et j’ai pourtant pris mon temps pour lire ce gros pavé de plus de 500 pages. Non pas qu’il ne me plaisait pas, au contraire, puisque cette lecture fut un coup de coeur. Mais engagée dans de nombreuses autres lectures que je devais terminer, notamment pour les Bibliomaniacs, j’étais contrainte de poser régulièrement ce livre. Et à chaque fois que je me suis replongée dedans, ce fut avec une grande facilité et beaucoup de plaisir.

Michelle Obama raconte d’abord son enfance dans le sud de Chicago : une enfance heureuse, entourée de sa famille. Elle grandit dans un quartier populaire, consciente des difficultés financières de ses parents et raconte ses années de jeunesse sans auto-apitoiement. J’ai aimé la sobriété et la sincérité qui se dégagent Lire la suite de « Devenir – Michelle Obama »

Mon bilan de février

Les coups de coeur sont rares par ici et je n’en ai pas eu en février. J’ai toutefois fait plusieurs belles lectures, que je vous partage en images.

En ce qui concerne la rentrée littéraire d’hiver 2019, je n’en ai lu que peu de livres mais pour le moment, je n’ai été emballée par aucun d’entre eux. J’espère vraiment l’être par Une éducation de Tara Westover, que je compte lire en mars !

Mes jolies lectures

 

Mes abandons

 

Lectures en cours et à venir

Le sillon – Valérie Manteau

MANTEAU2Valérie Manteau part retrouver son petit ami turc à Istanbul, et emménage chez lui. Elle cherche un sujet d’écriture qui lui permette de parler à la fois de cette ville, de ses habitants, de l’Histoire turque et de la situation sociale et politique du pays. Elle s’étonne de la disproportion entre les actions de soutien des turcs après les attentats de Charlie Hebdo et l’absence totale d’intérêt des français suite au meurtre du journaliste Hrant Dink en 2007. Ce grand journaliste turc d’origine arménienne devient donc la raison d’être de ses déambulations dans Istanbul. Elle ne se déplace presque plus sans sa biographie et ses rencontres deviennent l’occasion d’en apprendre plus sur lui et sur la situation du journalisme et des droits de l’Homme en Turquie.

Valérie Manteau m’a fait voyager, je me suis sentie dans une bulle le temps d’une après-midi de lecture. Son récit de son année dans cette ville très jeune et vivante m’a émerveillée. Et petit à petit, en même temps qu’elle prenait conscience de la dangerosité de la situation pour les penseurs libres, cet émerveillement s’est transformé en une tristesse pour ce pays. Là où je m’attendais à lire une histoire d’amour, l’Histoire a pris le pas sur l’individu et je n’en ai pas été déçue. Lire la suite de « Le sillon – Valérie Manteau »

Biblimaniacs – L’émission de janvier 2019 est en ligne !

Pour ce début d’année 2019, nous avons enregistré une émission que j’ai beaucoup aimé préparer. Non seulement cela m’a permis de découvrir Henry James, que je n’avais jamais lu, mais mon envie de voyager en Ecosse a été ravivée par le gros coups de coeur eu en lisant Peter May.

L’émission de janvier est disponible ici mais aussi sur iTunes, Deezer et Spotify.

Bonne écoute !

La grande arche – Laurence Cossé

COSSE2

Dans les années 1980, un grand concours d’architecture est lancé afin de redonner un nouvel élan à La Défense. Spreckelsen, un architecte danois gagne le concours sur la base des plans qu’ils a dessiné et de son concept de cube légèrement désaxé par rapport à la ligne Louvre-Place de l’étoile. Jusqu’à présent, il n’avait construit que quelques églises dans son pays et est totalement inconnu en France. La mise en oeuvre de son projet fut pour lui d’une vraie difficulté, puisqu’il n’avait pas imaginé la complexité des différences culturelles avec la France ni celle de l’administration française.

Laurence Cossé raconte les stratégies et machinations politiques derrière ce choix de cube, ainsi que la manière dont certains s’y sont pris pour influencer Mitterrand. Spreckelsen n’était pas prêt à cela, de la même manière qu’il n’était pas prêt à devoir affronter toute cette complexité administrative et règlementaire, lui qui ne pensait qu’à mettre en oeuvre ce dont il avait rêvé.

Ce récit est le parfait équilibre entre politique, architecture, administration et Histoire française. Lire la suite de « La grande arche – Laurence Cossé »

La révolte – Clara Dupont-Monod

dupont-monod« Dans les yeux de ma mère, je vois des choses qui me terrassent. Je vois d’immenses conquêtes, des maisons vides et des armures. Elle porte en elle une colère qui me condamne et m’oblige à être meilleur. »

Aliénor d’Aquitaine a une trentaine d’années en 1152 lorsqu’elle épouse le roi d’Angleterre, Henri II. Elle amène au Royaume d’Angleterre les terres d’Aquitaine, pensant pouvoir continuer à gouverner de manière autonome cette région. Il lui faut deux ans pour se rendre compte de la main mise de son époux sur ses terres.

« Sur ce parvis se tiennent deux fauves et chacun est sûr de son ascendant sur l’autre. En réalité, parce qu’ils se ressemblent trop, parce qu’ils se valent, ils deviendront ennemis mortels. »

Elle élève alors ses fils pour en faire de futurs rois et elle les ligue contre leur père. Elle leur ordonne de participer à une grande révolte visant à détrôner le roi et à le remplacer par leur fils aîné. L’histoire de cette révolte et de ses conséquences est racontée à travers la voix de son fils Richard, qui brûle d’amour et de respect pour cette mère exceptionnelle. Avec tout le panache et le charisme d’un futur roi, Richard raconte les années de guerre puis celles de la réconciliation avant son départ pour la croisade.

La narration très rythmée et puissante de Richard donne au roman un caractère particulièrement adictif. Lire la suite de « La révolte – Clara Dupont-Monod »

Le Paris des curieux – Michel Dansel

PARIS CURIEUXDans le Paris des curieux, Michel Dansel nous emmène en balade dans des lieux parisiens renommés et dans des petits coins plus intimistes. Il dévoile l’Histoire d’un lieu, son rapport avec le passé de Paris et met en lumière la vie culturelle et artistique parisienne à travers d’autres endroits. Chacun y apprendra plus ou moins de secrets, en fonction de son niveau de connaissance de Paris.

Le livre pourra donner des idées de sorties pour boire un verre ou manger (au Train bleu par exemple, ou à la Closerie des Lilas..) tout comme des idées de balades originales (le Pont Caulaincourt, ou encore les cimetières…). Illustré par des dessins très fins et avec une jolie mise en page, le Paris des curieux est un livre agréable à feuilleter. Je n’ai qu’un regret, le peu d’exactitude historique de certaines considérations qui m’ont parfois semblé assez simplistes. Mais là n’est pas l’objet de ce livre, dont la vocation est de donner envie de découvrir Paris différemment.

Référence

Michel Dansel, Le Paris des curieux, éditions Larousse, 320 pages

Merci aux éditions Larousse pour ces découvertes parisiennes.

Hadamar – Oriane Jeancourt Galignani

HADAMAR« Hadamar, c’est le lieu où l’autre chose a commencé. » (page 127)

En 1945, Franz est libéré de Dachau où il a passé plusieurs années en tant que détenu politique. Cet allemand ordinaire fut emprisonné dans ce centre de concentration pour avoir écrit des articles critiques à l’égard des changements sociaux et politiques en train de s’opérer dans sa ville. Bien qu’il avait à l’époque parfaitement conscience de la révolution politique en marche, il ne jugea pas pertinent de fuir son pays et continua à vivre comme tout un chacun.

Lorsqu’il sort de Dachau et rentre dans son village, son unique préoccupation est de retrouver son fils Kasper. Ce dernier a une vingtaine d’années mais n’est pas un jeune ordinaire : il a toujours été plus doux et plus lent que la moyenne.

Dans son enquête pour retrouver son fils, Franz croise la route de Wilson, un gradé américain qui lui ouvre les yeux sur les horreurs qui ont été commises au sein de l’hôpital psychiatrique d’Hadamar par les nazis, sous les yeux et avec l’aide de la population locale. Wilson accepte d’aider Franz à retrouver son fils à condition qu’il promette d’écrire un article qui établira la vérité sur Hadamar :

« Un texte qui leur remettra de la fumée dans les narines. » (p.180)

Oriane Jeancourt Galignani s’empare d’un sujet historique peut traité et peu connu, l’Aktion T4. Il s’agit de la campagne nazie d’extermination des personnes handicapées. L’hôpital d’Hadamar servit de lieu pour ce crime contre l’humanité, qui visait également les enfants dont l’un des deux parents était juif.  Plutôt que de raconter cet épisode monstrueux de l’Histoire allemande sous la forme d’un essai historique, l’écrivaine choisit le roman. Elle reprend certains faits historiques (notamment certains « personnages ») et les utilise pour raconter l’histoire d’un homme qui vient de vivre l’une des expériences les plus atroces. Alors même que cet homme a souffert mille maux physiques et psychiques, il doit faire face au jugement de Wilson.

J’ai apprécié cette lecture car elle aborde plusieurs thèmes qui sont finalement peu soulevés par les romans sur les crimes nazis et la Seconde Guerre mondiale. Oriane Jeancourt Galignani montre à quel point les libérateurs américains étaient mal vus de la population allemande, qui était profondément blessée dans son orgueil. Elle parle également de la nécessité d’apprendre à vivre dans un lieu qui a toujours été le sien mais dont on a été chassé, et d’y vivre parmi des personnes qui furent des bourreaux.

Elle écrit de la manière la plus factuelle qu’il soit et ne cherche pas à faire pleurer son lecteur. Les sentiments de ses personnages ne sont pas livrés tels quels, et c’est au lecteur de se les représenter. J’ai aimé ce parti pris de raconter cette histoire en pesant chaque mot, sans essayer d’en faire trop. Cela fait d’Hadamar un bon livre à mi-chemin entre le roman et le documentaire historique.

 

Référence

Oriane Jeancourt Galignani, Hadamar, éditions Grasset, 283 pages

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Lu dans le cadre du Prix Orange du Livre 2017