Le dernier amour d’Attila Kiss – Julia Kerninon

IMG_20170517_075335_199 (1)Attila Kiss a 40 ans quand il quitte tout. Il était marié avec la fille d’un grand mafieux et a fait l’erreur d’accepter de travailler pour lui. Il est tombé dans un cercle vicieux dont il était très difficile de sortir. La seule chose qui lui maintenait la tête hors de l’eau était sa double vie : il avait une maîtresse, dont il eut trois enfants. Le jour où sa femme le découvrit, il abandonna absolument tout de sa vie pour partir travailler à la campagne comme peintre dans le bâtiment.

« l’amour est la forme la plus haute de curiosité. » (page 60)

Attila rencontre Theodora, qui n’a que 25 ans et ils tombent amoureux. Très rapidement, ils vivent ensemble malgré leurs différences d’âge et de culture. Alors qu’il hait par-dessus tout les étrangers, elle est autrichienne. L’Histoire nationale de la Hongrie et les relations de ce pays avec l’Autriche ont une résonance bien particulière pour lui, et il ne peut s’empêcher d’en vouloir à Theodora.

« Tu étais sur la Riviera, petite fille, et tu avais le soleil dans les yeux. » (p.78)

Julia Kerninon raconte une histoire d’amour et celle d’un sabotage amoureux. Attila apprend à connaître Theodora petit à petit et tente malgré lui de retourner le passé de Theodora contre elle, comme s’il voulait faire capoter leur amour.

« Comme il l’avait réduite auparavant à la musique, il la réduisit cette fois à la densité de sa sécheresse, et oublia que la vérité ne se répartit pas exclusivement entre la parole et le silence, entre ce qui est dit et ce qui est tu, mais qu’elle occupe d’abord et surtout les territoires immenses et sans nom qui les séparent. » (p.80)

Julia Kerninon dissèque la relation amoureuse avec beaucoup de finesse. Elle montre un personnage principal qui découvre son amante par bribes, en fonction de ce qu’elle lui dévoile. L’image qu’Attila a de Theodora évolue à mesure qu’il apprend à la connaître alors même que le comportement de la jeune femme reste le même à son égard.

J’ai beaucoup aimé ce court roman car il est extrêmement dense. Il s’agit d’une analyse très minutieuse de la relation de couple, ce qui m’a fait penser au travail de Benjamin Constant dans Adolphe, de ce point de vue. Ce roman correspond entièrement à la littérature que j’aime et que je considère comme de la grande littérature, celle qui touche à l’essentiel.

Référence

Julia Kerninon, Le dernier amour d’Attila Kiss, éditions la brune au Rouergue, 123 pages

7 commentaires sur « Le dernier amour d’Attila Kiss – Julia Kerninon »

  1. J’ai Kerninonje garde l’espoir de lire Buvard un jour, j’étais fascinée par le pitch, c’est vrai que la relation de couple m’intéresse moins au final, pour une raison que j’ignore, mais vous êtes plusieurs à l’avoir vraiment apprécié, du coup je vais y penser (c’est beau ce que tu dis sur les romans qui touchent à l’essentiel)

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    1. Je te conseille également « Une activité respectable », qui est plus autobiographique et qui parle de son rapport à la lecture et à l’écriture. C’est le genre de magnifique récit qui ne peut que plaire aux amoureux des livres 😉

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